Entre Lens et Arras, sur les collines et dans les plaines d’Artois, s’est jouée il y a un peu plus de cent ans l’Histoire du monde et celle de nations entières, écrite par des milliers d’hommes dont les histoires se racontent encore aujourd’hui, comme pour les garder vivants. Aujourd’hui, on vient du monde entier pour revivre cette histoire, se souvenir de ceux qui l’ont vécue et découvrir des lieux de mémoire qui leur rendent hommage.

Une destination mondiale de tourisme de mémoire inscrite à l’UNESCO

La destination mémorielle internationale Collines et Plaines d’Artois 14-18 regroupant Arras Pays d’Artois Tourisme et Lens-Liévin Tourisme se réjouie de l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO des Sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale Front Ouest (139 sites en Belgique et France) qui vient d’être adoptée en séance plénière lors de la 45e session du comité du patrimoine mondial à Riyad en Arabie Saoudite, le mercredi 20 septembre 2023.

Avec 10 des 14 sites du département du Pas-de-Calais, Collines et Plaines d’Artois 14-18 confirme sa vocation de destination mondiale du tourisme de mémoire.

Pendant la durée du conflit, ce sera l’enjeu de toutes les batailles dites d’Artois pour les troupes françaises puis pour les Britanniques. Ces batailles sont particulièrement meurtrières et les pertes humaines, considérables. En 1915, on surnomme avec effroi la colline de Lorette, « la colline aux 100 000 morts »…

Vimy

Quand les Britanniques entrent en guerre, pour protéger et soutenir la Belgique envahie par l’Allemagne, ils font rapidement appel à leurs colonies pour venir renforcer leur armée. Des hommes du monde entier sont volontaires pour s’enrôler, mentent sur leur âge, parcourent parfois des milliers de kilomètres, traversent des océans pour venir combattre à Souchez, Loos-en-Gohelle ou Roclincourt, sur le front de l’Artois, lui conférant rapidement une dimension internationale unique.

Au total, sur la durée du conflit, on compte une soixantaine de nations ayant combattu en Artois, issues de l’Empire britannique ou de la Légion Etrangère. Ils sont Canadiens, Néo-Zélandais, Australiens, Indiens ou Ecossais et beaucoup d’entre eux ne rentreront jamais chez eux, enterrés là où ils sont tombés, à Vimy, Neuville-Saint-Vaast, Ablain-Saint-Nazaire, Thélus…

La vie s’est reconstruite autour de la mort et aujourd’hui, des paysages apaisés ont remplacé les champs de batailles, les lieux autrefois dévastés reprennent vie et accueillent désormais randonneurs, promeneurs et sportifs, des monuments sobres et épurés rendent hommage aux soldats. La beauté des lieux retrouve sa place. Ces lieux sont d’une puissance émotionnelle rare : ils racontent l’espoir, la résilience, la renaissance, la paix, la force du retour à la vie…

La Carrière Wellington

Les soldats alliés surgissent de dessous terre…
En diversion d’une offensive française prévue sur le Chemin des Dames, l’armée britannique lance le 9 avril 1917 une vaste attaque surprise devant Arras. Ce matin-là, près de 24 000 soldats regroupés dans d’anciennes carrières de craie souterraines au plus près des lignes allemandes, sortent de terre pour partir à l’assaut. En parcourant l’un des réseaux souterrains où ont vécu ces hommes, la Carrière Wellington invite aujourd’hui à comprendre la préparation et le déroulement de la bataille d’Arras.

La Nécropole Militaire Allemande de la Maison Blanche

« La réconciliation par-dessus les tombes »
La nécropole de la Maison Blanche est le plus vaste cimetière militaire allemand en France. Créé par les Français à la fin de la guerre, il regroupe les restes de 44 833 soldats tombés en Artois. Le VDK (Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge, Service d’entretien des sépultures militaires allemandes) l’a réaménagé dans les années 1970. A l’entrée, une croix porte ces mots, inscrits en français : « Paix aux hommes de bonne volonté ». Ils rappellent l’une des missions du VDK : « La réconciliation par-dessus les tombes ».

Le Parc Mémorial Australien de Bullecourt

Les Diggers à l’assaut de la Ligne Hindenburg
En avril puis en mai 1917, en appui de l’offensive devant Arras, la 5ème armée britannique donne l’assaut contre le village de Bullecourt, puissant maillon dans l’organisation défensive allemande de la Ligne Hindenburg. Les deux opérations sont des échecs. Les 5 divisions australiennes qui y ont participé déplorent près de 10 000 victimes. C’est cette page marquante pour la nation australienne que rappelle la statue du Digger, littéralement « celui qui creuse pour se mettre à l’abri des obus ». Pour aller plus loin rendez-vous au Musée Jean et Denise Letaille Bullecourt 1917.

Le Mémorial National du Canada à Vimy

Vimy, berceau du Canada moderne
Les deux tours blanches du mémorial et leurs vingt statues, érigées au milieu d’un parc de 107 hectares ouvrant sur le Bassin minier, rappellent le sacrifice de 11 285 soldats canadiens portés disparus en France lors de la Grande Guerre. Elles se dressent à l’endroit où, le 10 avril 1917, les troupes à la feuille d’érable, réunies pour la première fois au sein d’un même corps d’armée, ont emporté la crête de Vimy marquant ainsi une page majeure dans l’histoire de la nation canadienne.

La Nécropole Nationale de Notre-Dame de Lorette

La plus grande nécropole militaire française
Au lendemain du conflit, l’Etat français crée sur le plateau de Notre-Dame de Lorette, théâtre d’âpres combats en mai 1915, ce qui sera la plus grande nécropole nationale française. 20 000 tombes individuelles y sont dressées et les corps de 22 000 autres soldats demeurés inconnus sont regroupés dans huit ossuaires, dont celui de la tour-lanterne. C’est la mémoire de ces « morts pour la France » que veillent quotidiennement de mars à novembre, les Gardes d’Honneur de Notre-Dame de Lorette.

L’Anneau de la mémoire

Tous égaux et unis dans la mort
L’architecture singulière de l’Anneau de la Mémoire, comme posé à flanc de colline, est l’œuvre de Philippe Prost. L’Anneau fait plus de 345 mètres de périmètre dont 56 mètres en porte-à-faux au-dessus du vide qui nous rappelle l’équilibre fragile de cette paix retrouvée. Inauguré par le Président de le République le 11 novembre 2014, il rassemble les noms des 580 000 soldats tués dans le Nord et le Pas-de-Calais entre 1914 et 1918 unis dans une fraternité posthume. Ils sont classés par ordre alphabétique et pour la première fois, sans distinction de nationalité, de grade, de genre ou de religion.

Le Centre d’histoire du Mémorial 14-18 Notre-Dame-de-Lorette

Raconter la guerre en images
Au pied de la colline Notre-Dame-de-Lorette, à Souchez, un édifice de béton noir et de verre conçu par l’architecte Pierre-Louis Faloci accueille le centre d’Histoire. Ici, objets emblématiques, photographies inédites de grande qualité, films d’époque et cartes animées permettent de comprendre l’ampleur du conflit dans le Nord Pas-de-Calais pendant la Première Guerre mondiale. Plus de 300 photographies en grand format, officielles ou anonymement prises par les soldats, nous plongent dans la réalité de cette guerre effroyable.

Destination Collines et Plaines d’Artois 14-18

C’est fort du constat de la puissance et de la cohérence de l’offre mémorielle qu’ils partagent que Lens-Liévin Tourisme et Arras Pays d’Artois Tourisme ont souhaité créer une destination internationale de tourisme de mémoire liée à la Grande Guerre. Entre Somme 14-18 et la Flandre, « Collines et Plaines d’Artois 14-18 » prend ainsi une place centrale dans l’attractivité liée à la mémoire de la Première Guerre mondiale sur le Front de l’Ouest.